Dans la mythologie nordique, Vidar (en vieux norrois Víðarr) est un dieu Ase associé à la vengeance et au silence, mentionné dans l'Edda Poétique, compilée au XIIIe siècle à partir de sources plus anciennes, et l'Edda de Snorri, écrite au XIIIe siècle. Il est le fils d'Odin et de la géante Gríðr. Vidar est l'un des dieux les plus forts, après Thor. Bien qu'il soit discret dans les mythes, il tient un rôle capital le jour de la bataille prophétique du Ragnarök lorsqu'il venge la mort de son père Odin en transperçant de son épée le cœur du loup Fenrir ou en lui arrachant la mâchoire à l'aide de sa chaussure magique. Il survit à cette fin du monde et, avec un nombre réduit d'autres dieux rescapés de la catastrophe, il participe au renouveau de l'univers.
Vidar a fait l'objet d'un certain nombre d'études ayant trait à sa symbolique et à son rôle. Des spécialistes ont rapproché son silence des abstinences rituelles connues dans diverses sociétés, surtout les abstinences liées aux actes de vengeance, qui trouvent un écho également chez un autre dieu nordique, Vali, auquel il est lié. Certains spécialistes lui prêtent un rôle cosmique ou spatial, ce qui a suscité des comparaisons avec d'autres mythologies indo-européennes.
Différentes étymologies concernant le patronyme de « Vidar » ont été proposées.
En vieil islandais, son nom est Víðarr, que certains spécialistes traduisent par « Celui qui règne au loin », une interprétation proposée initialement par Jan de Vries. En effet, Vidar pourrait se rattacher au vieux norrois víða qui signifie « largement », de l'adjectif víðr, « large ». L'origine même de víðr est contestée ; toutefois, il se rapproche du sanskrit vitarám, « plus loin », et de l'avestique vītarəm, « de côté ».
Víðarr semble également proche de viðr, qui signifie en vieux norrois « bois, arbre » ce qui en ferait « le seigneur des forêts ». Ceci correspondrait bien à ce dieu qui gît dans les bois (Grímnismál). Toutefois, la prononciation de la voyelle i est différente, il est donc difficile de penser que le nom d'un dieu et son lieu de résidence sont reliés par un ablaut.
Son nom pourrait également signifier « progéniture ». En effet, les langues germaniques ont développé un syncrétisme enfant/bois, c'est-à-dire que dans l'histoire des termes pour « garçon » on retrouve des termes signifiant « souche », « fagot », etc. Ainsi, le rapprochement initialement proposé par Friedrich Kauffmann en 1894 entre Víðarr et Víðir « saule » est peut-être justifié.