Sæmundur Sigfússon

 

 

L'Edda poétique est un ensemble de poèmes en vieux norrois rassemblés dans un manuscrit islandais du XIIIe siècle, le Codex Regius. C'est aujourd'hui la plus importante source de connaissances sur la mythologie scandinave. On l'appelle aussi ancienne Edda ou Edda Sæmundar, en référence à Sæmundr Sigfússon dit Saemund le sage, à qui fut attribuée la rédaction du codex.

Sæmundr Sigfússon inn fróði, le « Savant », ou Sæmundur Sigfússon (1056- 22 mai 1133), est un prêtre et historien islandais. Il aurait fait ses études à Paris à la Svartiskóli (« l'École noire »). Ses écrits, en latin, sont aujourd’hui perdus. L'existence de son Histoire de la Norvège (Historia Norwegiae) nous est connue pour avoir été utilisée et citée par des auteurs après lui, comme Theodoricus Monachus, auteur de Historia de antiquitate regum Norwagiensium. Historia Norwegiae était une chronologie des rois norvégiens, tentant d'établir une concordance chronologique entre les principaux faits de l’histoire norvégienne et ceux des annales islandaises.

Dans le folklore islandais

Le personnage de Sæmundur Sigfússon est resté vivant dans les contes et légendes traditionnels islandais longtemps après sa mort. On le retrouve à diverses reprises dans le recueil de Jón Árnason, Íslenzkar Þjóðsögur og Æfintýri (Contes populaires et légendes d'Islande, 1862) et la sélection française de ces contes, parue chez José Corti, présente pas moins de huit contes dont il est le héros. On l'y rencontre bernant le diable ou commandant à des diablotins. Il a été prêtre à Oddi, dont il aurait obtenu la cure du roi de Norvège, même si cette légende ne correspond pas à des faits historiques (l'Islande n'étant tombée sous la coupe du roi de Norvège que plus tard, en 1262). Sa mort également est évoquée : attaqué par des diablotins, puis des moucherons, sur son lit de mort, il est veillé par sa fille adoptive qui, voyant « une lueur monter de ses narines », comprend que son âme vient de s'envoler.

L'Ecole Noire :

 Il s'agirait de la Sorbonne, selon Ásdis R. Magnúsdóttir et Jean Renaud (voir Bibliographie). Le conte populaire intitulé Svartiskóli (« L'École noire ») en présente une vision pittoresque : « Cette école avait la particularité de se trouver dans une maison souterraine très solidement bâtie ; comme elle n'était percée d'aucune fenêtre, il y faisait toujours complètement noir. Il n'y avait pas de professeurs et on apprenait tout dans des livres écrits en lettres rouges comme le feu, qu'on pouvait lire dans l'obscurité. Jamais ceux qui y faisaient des études n'avaient le droit d'en sortir (...) Une main grise et poilue traversait le mur tous les jours et leur tendait à manger (...) ».

 


 

Sans doute l'une des œuvres majeures de la littérature médiévale islandaise. Les Eddas, deux recueils, nos seules sources d'information sur la mythologie nordique. Elles font aujourd'hui partie intégrante du patrimoine culturel islandais et scandinave.

L'origine

1643, l'évêque Brynjólfur Sveinsson découvre un manuscrit : il l'offre au roi du Danemark et le nomme en conséquence le Codex Regius, le manuscrit du Roi. Ce manuscrit est une copie datant sans doute du XIIIèmesiècle. Sveinsson vient tout simplement de faire l'une des plus importantes découvertes de l'Histoire de l'Islande. Il vient de mettre à jour l'Edda poétique. L'un des deux Eddas, le plus ancien.

L'Edda poétique

L'Edda poétique est un recueil de poèmes scaldiques. L'original a été perdu, il devait certainement avoir été écrit au XIIème. L'Edda poétique rassemble une trentaine de poèmes rédigés en vieux norrois : des textes mythologiques (mettant en scène les dieux du panthéon nordique) et héroïques (histoire de Sigudr, meurtrier de Fafnir). Deux textes se détachent du lot : les "Havamal" qui exposent l'éthique Viking par l'intermédiaire de Óðin, mais surtout la "Völuspá". La Völuspá est le récit de l'histoire mythique du monde, de la création au Ragnarök. Le poème est énoncé par une voyante qui prononce un long monologue à Óðin. Elle lui parle du devenir du monde, des dieux et des hommes.

Longtemps, les spécialistes ont cru que l'Edda était une œuvre de Sæmundr Sigfússon, un savant du XIIèmesiècle. Certains ont même surnommé le texte l'Edda de Sæmundr. La preuve a été apportée qu'il n'en est rien, son auteur demeure inconnu.

L'Edda de Snorri

Le deuxième Edda est dit "De snorri" ou Edda en prose. Plus récente (XIIIème siècle), elle a été écrite par Snorri Sturluson, l'un des plus grands auteurs des temps médiévaux.

Sturluson écrit son Edda pour les scaldes : il leur apprend tout d'abord à maîtriser la métrique complexe, puis pour leur donner quelque inspiration, leur réalise un exposé complet sur la mythologie des Germains du nord. Snorri Sturluson réalise que la poésie scaldique se perd en même temps que les mythes du panthéon nordique. Difficile de rédiger un poème sans faire appel au surnaturel et aux Dieux. L'Edda est là pour empêcher l'oubli.

Snorri l'affabulateur ?

Régulièrement se pose le problème de l'authenticité des récits de Snorri Sturluson. Pour certains, l'auteur se serait trompé dans l'interprétation de certaines de ces sources et aurait laissé transparaître inconsciemment l'influence de la culture chrétienne.

Si Snorri n'est pas l'affabulateur que certains auteurs voudraient laisser croire, il est certain qu'il ne faut pas donner à son Edda une valeur historique trop importante. Il a écrit l'Edda 200 ans après la fin du paganisme, en s'appuyant sur des sources peu nombreuses elles-mêmes postérieures à la christianisation. Enfin, Snorri Sturluson reste un romancier, et donc, un créatif.

Quoi qu'il en soit, Snorri Sturluson a réalisé un travail de recherche relativement conséquent pour son Edda. Il a collecté et organisé toutes les informations dont il disposait de manière cohérente. Le résultat est un véritable chef-d'œuvre, qui, s'il n'était islandais, serait sans doute considéré comme l'œuvre majeure de la littérature médiévale.